top of page

Entretien avec des policiers

Date : mardi 27 janvier 2015

 

Pour appréhender de façon concrète comment la répression et la prévention en matière de consommation de drogues sont réalisées à Nancy, nous sommes allés interroger des policiers.

 

Depuis combien de temps exercez-vous votre profession ?

Mr X : 33 ans et 35 ans pour Mr Y

 

Quel est à chacun votre fonction ?

Mr X : je travaille à la Direction départementale de la Sécurité Publique de Meurthe-et-Moselle (DDSP54)

Mr Y : je suis policier et j’interviens partout en public pour de la prévention, essentiellement auprès des scolaires

 

Si vous aviez un cliché/préjugé à démonter sur votre métier, lequel serait-il ?

Maintenant la police évolue avec son temps, la politique du chiffre (objectif d’un certain nombre de contraventions, etc) n’est plus d’actualité ; exemple : pour les contrôles de vitesse, ils sont réalisés là où il y a un risque potentiel identifié d’accidents

 

Quelles sont les conséquences pour un individu qui consomme du cannabis sur la voie publique ?

Ce n’est pas à la police de décider, les policiers sont là pour interpeler mais les sanctions sont décidées par le tribunal, elles sont donc variables. Aujourd’hui les juges ordonnent plutôt des stages de sensibilisation, des obligations de soins ou des amendes mais moins souvent des peines d’emprisonnement. Ils s’occupent plus de remonter les réseaux par les consommateurs et cherchent à punir les dealers et çà c’est le travail de la police judiciaire. L’OCRTIS est une section spécialisée dans les stupéfiants qui dispose d’une grosse force de frappe pour traiter ces affaires. Exemple, au Haut du Lièvre, ils ont démantelé un réseau important en 2013. Ils luttent contre la violence que tout ce business engendre car les règlements de compte sont souvent à cause de territoires de drogues. Les narcotrafiquants ne sont pas des consommateurs, le profit est leur maître-mot : 14% de l’argent dépensé dans un joint est utilisé pour l’achat d’armes.

 

 

Quels effets constatez-vous suite à la prise de cannabis ?

Le cannabis a des effets neurologiques et il peut être dosé (ou ses métabolites) jusqu’à 21 jours dans les urines. Cependant la police ne peut faire de prélèvement qu’en cas de crime ou d’infraction au code de la route. En ce qui concerne les effets, on ne prend jamais un joint pour être malade, le consommateur cherche des effets plaisants mais pour certains les effets sont indésirables et il ne faut pas oublier le risque de dépendance. La France est déjà coincée avec l’alcool et le tabac qui se sont inscrits dans la culture du pays. Il y a aujourd’hui 17 millions de fumeurs en France qui ont déjà goûté au cannabis et 2% ont des troubles psychiatriques comme la schizophrénie ou les troubles bipolaires. Avec les nouveaux cannabis, fortement dosés, on a vraiment de très gros risques pour les consommateurs eux-mêmes mais aussi pour l’entourage si le sujet fait un délire ou se retrouve dans un état psychotique, ce qui est tout à fait possible.

 

Etes-vous pour ou contre la légalisation du cannabis ?

La légalisation du cannabis ne changera pas le problème de la délinquance. Le produit que le gouvernement s’autoriserait à légaliser aurait une concentration autour des 2-3% alors que l’on trouve sur le marché noir des produits bien plus dosés, souvent supérieurs à 20% voire 30 à 50%. Les consommateurs sont donc habitués à des produits forts et risqueraient de ne pas apprécier et donc ne pas acheter le produit légalisé ayant beaucoup moins d’effets que ceux auxquels ils sont habitués et qu’ils apprécient apparemment. Ils continueraient donc très probablement à acheter au marché noir et à favoriser le trafic.

 

Mr Y, lorsque vous faites de la prévention auprès des jeunes, quel est le but de votre message ?

Le type de prévention dont on avait l’habitude devient de moins en moins adapté à la situation actuelle. Nous essayons aujourd’hui de retarder au maximum la première prise de drogue : nous sommes obligés d’intervenir dans des classes de CM2 même s’il est bien évident qu’à cet âge il leur est difficile d’avoir le recul nécessaire pour comprendre les dangers de la « fumette ». La prévention est donc plus dure et plus soutenue qu’auparavant pour que les jeunes arrivent à intégrer les risques de leurs consommations éventuelles. Cela ne sert plus à rien de leur parler d’interdiction, il faut les amener à comprendre que s’ils consomment des drogues, à plus ou moins long terme, il leur arrivera quelque chose.

 

 

Quelle a été votre motivation pour faire partie de la police ?

Mr X : On est amené à rencontrer beaucoup de personnes différentes, de tout horizon social. On est en partie les guides de la jeunesse et notre souhait est avant tout de faire respecter l’ordre et la loi pour que la population puisse vivre dans une certaine harmonie.

Mr Y : On a effectivement un devoir d’essayer d’améliorer la société et cela perpétuellement. Policier est un métier prenant qui nécessite une réelle passion pour ce que l’on fait. Il n’y a pas réellement de routine, chaque jour a son lot de surprises lorsque l’on est policier, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Il y a aussi une part de risque qui fait partie du job et qui me plaît.

The Science & 

Mathematics University

© 2023 by Scientist Personal. Proudly created with Wix.com

  • Facebook Clean Grey
  • Twitter Clean Grey
  • LinkedIn Clean Grey
bottom of page